La bienveillance, pour quoi, pour qui, comment

La bienveillance, bénéfique pour la relation, pour l'autre, mais aussi pour soi

[La bienveillance, mot fourre-tout, qu'est-ce ?]

Le Larousse définit la bienveillance comme une « disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui » ; le site CNTRL (mon préféré, par sa richesse et ses trop jolies cartes de « proxémie »), comme une « disposition généreuse à l’égard de l’humanité ».

[La bienveillance commence par soi-même, elle aussi…]

Que l’on préfère l’une ou autre définition, la bienveillance, tout comme la charité (celle-ci étant moins à la mode que celle-là), commence par soi-même. En effet, difficile de vouloir le bien d’autrui quel qu’il soit/quelle qu’elle soit, même si on ne le/la connaît pas, si on se traite soi-même de tous les noms d’oiseaux dès que l’on rate quelque chose, ou pire, dès que l’on échoue…

Qu’est-ce donc qu’être bienveillant/bienveillante envers soi ? Tout simplement (encore que cela ne soit pas forcément si simple, comme on le verra ci-dessous !), accepter nos zones d’ombres, nos faiblesses, nos défauts, et nos ratages, nos échecs, et autres plantades… Les accepter parce que nous sommes humains/humaines, et pas des robots programmés pour accomplir un certain acte lorsque l’algorithme de nos vies nous mène à ce moment précis (« ah si les émotions n’étaient pas là, ce serait déjà plus simple ! » pourrait-on penser, mais (attention spoiler d’un prochain article : non, les émotions ne sont pas en cause là-dedans, même si les apparences – ou notre culture, sont contre elles). Donc, si on veut parler de bienveillance, la vraie bonne bienveillance commence par soi-même, en acceptant qui nous sommes, dans toute notre lumière et toutes nos ombres, tout simplement parce que nous sommes humains.

[...et continue avec les autres…]

Une fois que l’on s’est accepté/acceptée tel/telle que l’on est, on peut accepter l’autre plus facilement, et même vouloir son bien. Bien sûr, cela peut aller plus loin que cela : cela veut dire que nos blessures (issues de notre enfance le plus souvent) ne nous font plus (trop) souffrir, que nous n’avons plus peur de l’autre, que nous n’interprétons pas ce qu’il/elle dit/fait comme des attaques dirigées contre nous, que nous acceptons sa réalité, sa vision du monde (qui diffèrent de la nôtre, etc,…)

Et en adoptant cette philosophie de vie, qui consiste donc à être bienveillant/bienveillante envers soi et envers les autres, on se fait aussi du bien à soi ! Être bienveillant/bienveillante permet d’avoir des relations plus saines, plus vraies, et tellement positives. Quand vous faites preuve de bienveillance envers les autres, vous avez le plaisir de vous sentir utile, cela peut suffire parfois à donner un sens à sa vie, et la plupart du temps, cela galvanise.

La bienveillance, 1000 et 1 façons de la pratiquer, quand tout part de l’intention

[Être bienveillant, bienveillante : envers soi, en famille, au travail]

Envers soi

Concrètement, être bienveillant/bienveillante envers soi, cela correspond à quoi ? Donc déjà, on l’a dit, accepter ses défauts, ses faiblesses, en bon être humain que nous sommes. C’est se parler avec respect, sans mot d’insulte ; c’est écouter ses besoins, et y répondre : se réconforter quand nous en avons besoin, se protéger quand il le faut, s’apporter respect et reconnaissance ; c’est avoir de la compassion pour nous quand nous rencontrons une difficulté, c’est ne pas juger ce que l’on fait ni ce que l’on est, c’est s’accorder une seconde chance (ou une troisième, ou une quatrième quand on a échoué, etc…).

En famille

La bienveillance en famille s’exerce aussi par l’accueil et le non-jugement : accepter les émotions de l’autre, quelles qu’elles soient ; il semble contrarié, elle semble attristée, et quels sont donc leurs besoins ? Souhaite-t-il se reposer, souhaite-t-elle se détendre, etc… ? Bienveillance que nous pouvons montrer aussi sous forme de compréhension et de questions : « je te comprends,… », « que puis-je faire ? », « que ressens-tu ? ». Sans intrusions intempestives non plus. Tout simplement.
Accepter l’autre sans jugement : au quotidien, dans l’accueil de ses émotions et ses besoins, voire parfois se mettre en retrait (même si c’est déconseillé, on le sait !) ; prendre soin de ce qui est important, précieux pour l’autre ; montrer notre intérêt pour ce qu’il/elle vit ; se rendre disponible quand nécessaire.

Au travail

Au travail, en entreprise, en équipe, être bienveillant/bienveillante, c’est aussi vouloir faire le bien d’autrui, qu’on le connaisse personnellement ou pas ; suivant le rapport que l’on a avec l’autre, c’est aussi vouloir que chacun puisse se réaliser et développer son potentiel. Et ce n’est pas étonnant, l’engagement des collaborateurs qui en découle a des répercussions directes sur leur productivité. Donc que l’on n’ait que des préoccupations humaines, ou des préoccupations humaines et économiques, on est toujours gagnant.

Pour cultiver la bienveillance au travail, on respectera quelques principes qui semblent évidents lorsqu’on les lit ainsi, mais dont on sait qu’ils ne sont pas toujours respectés : être poli/polie, communiquer sainement, c’est-à-dire écouter réellement (pratiquer l’écoute active comme on dit), encourager une communication régulière et accepter désaccords et discussions, favoriser l’entraide, tellement bénéfique, que l’on soit celui/celle qui aide ou celui/celle qui est aidé/celle qui est aidée, régler les conflits, les traiter, s’en occuper ; il convient aussi de respecter le cadre de travail (horaires, mails tardifs, droit à la déconnexion). Intégrer un cadre de travail agréable aussi, favorisant une ambiance chaleureuse, permettre à chacun d’exprimer son talent, encourager prises d’initiatives et créativité. La bienveillance au travail mériterait d’ailleurs un article à elle seule…

Et quand la bienveillance n'est pas là...

[Parfois, c'est tout simplement autre chose que nous ressentons...]

Parfois, malgré tout l’amour que l’on a dans le cœur, et/ou malgré notre bonne volonté pour faire preuve de cette bienveillance sur laquelle nous voulons construire des relations saines et sereines, au lieu de souhaiter le bien de l’autre, nous souhaitons qu’il/elle soit ou agisse autrement, qu’il/elle nous laisse tranquille ; parfois aussi nous crions, au parlons autoritairement, etc… tous ces comportements nous dépassent le plus souvent. 

[Mais qu'est-ce que cela dit de nous ?]

Une fois que l’on a tout essayé (se mettre à la place de l’autre dans le différend qui nous occupe, l’écouter en faisant taire nos arrière-pensées, etc, etc…), nous pouvons retourner la situation vers nous et regarder en quoi nous sommes tellement concernés/concernées par ce qui se joue : que dit de moi cette colère que je ressens face à ce malotru-du-guichet-de-la-gare qui m’explique sur un ton désagréable que mon billet ne sera pas remboursé (et qui a peut-être une raison toute personnelle de se sentir mal aujourd’hui) ? Quelle est la part blessée en moi qui surréagit, ou qui m’empêche d’accéder à ma bienveillance ?

[Pour progresser et se sentir mieux]

Sans bien sûr se laisser marcher sur les pieds, envahir, maltraiter, et tout en posant ses limites, toutes ces occasions désagréables présentent l’opportunité de mieux se connaître, mieux se comprendre, pour, si on le souhaite, mieux réagir la prochaine fois – « mieux » signifiant « en conformité avec qui je suis ».

Et au final il s'agit toujours de nous

Être bienveillant envers soi nous fait du bien ; être bienveillant envers les autres aussi, car cela nous nourrit d’émotions agréables (et cela fait du bien aux autres) ; ne pas parvenir à être bienveillant nous permet d’éclairer nos zones d’ombre, si tant est que nous nous interrogions. Donc, nous avons tout à y gagner. Et j’aimerais votre avis (peut-être pour un autre article 😉 ) : qu’aurions-nous à y perdre ?

Au plaisir de vous lire 🤩

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