Gérer ses émotions… ou pas

Nos émotions, ces méconnues

Pas plus tard que ce matin, je me présentais à un groupe d’entrepreneurs : « je suis coach professionnelle, et j’accompagne des hommes, des femmes, sur des problématiques et des questionnements personnels et professionnels ainsi que des couples ». S’ensuivent des exemples sur des sujets sur lesquels j’aide mes clients et mes clientes à avancer, dont, la « gestion » des émotions. « Gestion » que je précise avec des guillemets, puisque, « on ne gère pas ses émotions ». Et là, il était tôt ce matin, mais j’ai vu dans les yeux de mes interlocuteurs une lueur d’étonnement. Hop, le sujet de mon article était trouvé.

Apprendre à gérer ses émotions

[Gérer ses émotions]

Gérer ses émotions, ça, je l’ai essayé, pendant de longues années. J’ai essayé différentes méthodes, qui fonctionnent avec d’autres, mais pas avec moi : sophrologie, hypnose, rien ne fonctionnait pour moi.

Avant cela, j’ai essayé de faire par moi-même : comme tant d’autres, j’ai essayé de gérer ma colère : mais oui, « pourquoi suis-je en colère, je ne devrais pas me mettre dans de tels états pour si peu » ; mon esprit me présentait plein d’arguments pour m’expliquer que je ne devais pas ressentir cette émotion.

J’ai essayé de gérer ma tristesse : « en tant qu’adulte, pas de quoi être triste » ! 

J’ai essayé de gérer ma peur, en ne l’écoutant pas – et donc en restant bloquée par ce qui me faisait peur.

Peut-être même ai-je tenté de gérer ma joie – pas d’émotion débordante, c’était tout de même mieux.

[Mais se débarrasser de nos émotions par un processus cognitif est tout simplement impossible]

Or, et je ne le savais pas, il est impossible de se débarrasser d’une émotion, et surtout pas par des réflexions ou des processus cognitifs : nous avons beau nous répéter que cette émotion ne devrait pas être là (d’autant plus qu’elle nous encombre et nous ne savons qu’en faire !), rien n’y fait, elle reste, et même revient.

Et pour cause : nos émotions jouent un véritable rôle et nous sont très utiles – indispensables, même.

Nos émotions sont toujours légitimes et elles nous guident

[Elles sont des voyants lumineux sur nos tableaux de bord...]

Nos émotions sont tout simplement comme un voyant lumineux sur le tableau de bord d’une voiture. Vous arrive-t-il de dire : « tiens, le voyant de jauge à essence est allumé mais il ne devrait pas puisque j’ai rempli le réservoir la semaine dernière ; je n’en tiens pas compte » ?

Pour nos émotions, c’est la même chose : elles sont des indicateurs de notre vie intérieure et nous informent sur un besoin que nous avons à satisfaire. C’est valable même pour nos besoins physiologiques : un enfant a faim, il mange, son besoin a été satisfait sans que les émotions ne s’en mêlent ; un enfant a faim,  ses parents tardent à lui donner à manger, il devient grognon : l’émotion est là pour lui rappeler (et à ses parents en même temps), qu’il a un besoin à satisfaire.

[... et nous alertent sur nos besoins.]

Et en ce sens, puisqu’elles nous alertent sur la présence de ce besoin, nos émotions sont toujours légitimes. Et jamais négatives : si nous employons ce terme, c’est par abus de langage, pour signifier que ce que nous ressentons n’est pas agréable (il est rare de dire « j’ai passé une bonne journée, je me suis mis 3 fois en colère ! »). Mais, tout comme notre voyant de jauge à essence, notre colère, notre peur, notre tristesse, ne sont pas négatives, elles sont seulement désagréables. Et comme la joie, dont on parle moins car elle nous pose moins de souci, ces émotions ont un but particulier :

  • la colère nous donne la force et le courage de nous élever contre ce qui nous choque,
  • la tristesse nous fait nous replier sur nous-même pour avancer dans le deuil causé par la perte de quelque chose, de quelqu’un, 
  • la peur nous fait nous protéger, nous mettre en sécurité – contre un danger réel ou parfois supposé, en tout cas perçu tel quel par nous – et sans la peur, il y aurait de fortes chances que nous ne soyons plus de ce monde.

Ainsi nos émotions, dont nous portons l’entière responsabilité (si vous n’avez pas lu l’article, n’hésitez pas à y faire un tour, c’est une notion fondamentale et trop peu évoquée), ont toujours lieu d’être – comme celles de notre entourage : il est difficile d’entendre quelqu’un discuter notre ressenti, comme il est cruel de notre part de critiquer, voire de nier, celui de quelqu’un d’autre.

C’est ce que nous faisons de l’émotion qui peut poser problème

[Nos émotions sont toujours légitimes]

Prenons un exemple : Madame parle, Monsieur ne l’écoute pas ; pour faire simple, le besoin de Madame d’être reconnue, écoutée n’est pas satisfait, l’émotion de colère se fait sentir ; certes, elle aurait pu s’y prendre autrement (attendre qu’il soit disponible, ou encore attirer son attention par « j’ai quelque chose à te dire, pourras-tu me dire quand tu seras disponible ? ») mais le fait est, qu’à ce moment, elle est en colère.

Plusieurs solutions s’offrent à elle :

  • réaliser que son besoin d’attention n’est pas prédominant par rapport à celui de Monsieur d’être seul et au calme, et réessayer plus tard,
  • lui indiquer calmement que la situation est désagréable pour elle,
  • hurler qu’il pourrait l’écouter, 
  • bouder en pestant contre ce mari qui ne lui accorde pas l’attention dont elle a tant besoin… bouderie qui devrait se terminer en ressentiment, et qui explosera peut-être dans la suite de la soirée – sans que ledit mari ne comprenne ce qui se passe.

 

Dans cet exemple simple et quotidien, nous voyons cinq traitements possibles de cette émotion de colère – et il y en aurait beaucoup d’autres.

Certains traitements sont sains, positifs, proactifs : nous répondons alors à notre besoin dans le respect de l’autre.

D’autres ont pour but de nous protéger mais sont voués à l’échec : ils desservent nos intérêts et ceux de la relation.

L’émotion n’est donc pas le problème, c’est la façon dont nous allons l’exprimer qui, elle, n’est pas forcément légitime, adaptée, judicieuse.

Pour aller plus loin

Comprendre ce que notre émotion a à nous dire, réfléchir au besoin qu’elle cherche à satisfaire ; trouver des moyens de satisfaire ce dernier ; si on ne peut lui répondre tout de suite, au moins l’accueillir ; puis aller plus loin en réfléchissant à ce qui est important pour nous : nous sommes bien loin, là, d’une « gestion », mais plutôt dans un accueil, une écoute, une action, qui nous conduira non seulement à nous sentir mieux avec nous-même, mais aussi à mieux nous connaître, mieux apprécier qui nous sommes, et à vivre des relations plus épanouissantes.

Nos éducations occidentales nous conduisent souvent à malmener nos émotions ; il nous faut apprendre à le faire, c’est une condition obligée pour être bien avec nous-même… et indispensable pour être bien avec les autres.

Si ce sujet vous intéresse, sachez que c’est un point que l’on travaille souvent en coaching : n’hésitez pas à prendre contact avec moi pour une séance découverte. Vous pouvez aussi vous procurer mon guide (gratuit) : 4 clés pour s’accepter tel que l’on est.

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