Faire le tri dans ses relations pour ne garder que les gens auprès desquels on s'épanouit est certes agréable... mais ne nous permet pas de progresser, de nous développer. Et ce sont justement ces petits malaises (petits, j'insiste !) qui nous permettent de mieux nous connaître, et ainsi de développer aptitudes et compétences pour être mieux le plus souvent possible.
Avez-vous déjà vu ce conseil : « Astuce pour être bien : faites le tri dans vos relations et ne gardez que les personnes avec qui vous vous sentez bien. »
[Je dis : "Non "]
Je dis : non !! Ne faisons pas le tri dans nos relations – pas pour ne garder, en tout cas, que les personnes avec qui « l’on est bien ».
[Parce que ce serait trop déstabilisant...]
Déjà, parce que si vous ne vous entourez que de personnes avec qui les relations sont faciles, lorsque vous en côtoyez d’autres (relations professionnelles par exemple, ou parfois familiales) vous êtes plus facilement déstabilisé/déstabilisée, et lorsque ces relations sont importantes dans votre vie, les conséquences que vous aurez à vivre seront plus complexes. Pensez aux demandes d’augmentation que vous avez à faire à votre chef antipathique, aux repas de Noël avec votre belle-mère désagréable, etc, etc…
Les relations épanouissantes... et les autres
[Celles et ceux avec qui on se sent tout simplement bien...]
Parmi tous les gens que l’on connaît, il y a ceux avec qui on se sent bien. Naturellement. Sans effort. Avec ces personnes, on se sent simplement bien : les relations sont fluides, agréables, les discussions sont sympathiques, d’égal à égal. On se sent en confiance, détendu/détendue. A aucun moment, on ne ressent le besoin de se défendre, ou celui de se justifier. Les discussions sont intéressantes, notre point de vue n’est en général pas heurté, ou en tout cas on l’a défendu sereinement. Bref, ce sont des bons moments. Qui, au final, nous font nous sentir une bonne personne.
[Celles et ceux avec qui on est en danger : on évite évidemment]
A l’autre bout du spectre de l’agréabilité/désagréabilité de nos relations, il y a celles et ceux qui attaquent, celles et ceux qui croient qu’on les attaque dès que l’on parle et qui nous agressent, celles et ceux qui tentent de nous manipuler, de nous faire nous sentir moins que rien… Les agressifs, les violents, qui parfois dissimulent tout cela derrière une façade plus agréable. Je mets de côté ce groupe de personnes – lorsque l’agressivité et la violence sont là au quotidien, pour préserver notre santé physique et mentale, nous avons le plus souvent tout à gagner à ne plus les fréquenter, ou le moins possible – mais pour ceux-là, vous le savez déjà.
Celles et ceux qui nous font progresser
[Celles et ceux qui nous dérangent nous font gagner en aisance relationnelle]
Entre ces deux groupes, il y a celles et ceux au contact desquels on se sent moins détendu/détendue, parfois un peu sur la défensive, les échanges marquent de fluidité ; on entend des piques contre lesquelles on se défend – ou pas, mais sans être complètement satisfait/satisfaite ; les sujets évoqués ne nous intéressent pas toujours, parfois heurtent nos valeurs, etc… Nous sommes moins en confiance, ces relations sont moins épanouissantes. Tout cela modulé en plus en fonction de notre sensibilité.
Et je dis donc que l’on n’a pas intérêt à bannir de nos relations les personnes de ce dernier groupe.
[Apprendre et mieux se connaître : deux piliers pour être bien]
Car ces personnes nous permettent de grandir : quand quelqu’un vous met mal à l’aise, vous pouvez vous demander ce qui, en vous, a provoqué cette sensation, cette émotion. Quelle compétence pouvez-vous développer (car oui, beaucoup de choses s’apprennent !) pour lui répondre d’une manière qui vous satisfera tout en préservant votre authenticité ?
Ou encore, en cas d’agacement, vous pouvez vous interroger sur ce qu’a fait ou dit cette personne qui a provoqué ce malaise en vous ; tout en vous rappelant cette idée : ce qui nous agace chez l’autre est toujours en lien avec une part de nous qui fait la même chose – et que l’on ne veut pas voir. C’est le fameux effet miroir.
Autrement dit, ces personnes et les agacements qu’elle provoquent nous permettent de voir ce que nous n’aimons pas chez nous, et ensuite, de faire le choix, en conscience, de ce que nous allons faire (changer, l’accepter, etc…) mais dans tous les cas, cela ira vers une meilleure acceptation de nous, et cela, nous avons tout à y gagner. Ces relations nous permettent de grandir et c’est cela, au bout du compte, qui nous permettra de nous sentir de mieux en mieux. Le plus souvent possible.
[Et avant tout : prenons soin de nous !]
Alors bien sûr, cela implique plusieurs choses : que le malaise provoqué ne soit pas trop important, que les personnes ne soient pas dotées d’intentions malveillantes (mais méfions-nous des suppositions, interprétations et projections que nous pouvons faire), que nous soyons nous-même dans un état d’esprit qui nous permette d’avancer, etc…
On dit souvent (et moi aussi) que derrière chaque expérience se cache un cadeau (que bien souvent, on ne voit pas sur le moment), et ce développement de soi-même en fait partie : derrière ces relations somme toute pas toujours épanouissantes, se cache le cadeau de notre progression, de notre développement.
Alors bien sûr : veillons à notre bien-être ; distinguons celles et ceux qui nous requinquent de celles et ceux qui nous font progresser mais avec qui on se sent moins bien et choisissons de voir les uns ou les autres en fonction de ce dont on a besoin ; favorisons les personnes qui nous font du bien quand on en a besoin : choyons-nous ! Mais donnons-nous aussi la possibilité de nous sentir de mieux en mieux grâce à ces relations moins fluides.
(Image par Sarah Richter de Pixabay)